Alfred de MUSSET: Lorenzaccio
J’avais lu Lorenzaccio une première fois quand j’étais adolescent, et je me souviens de l’enthousiasme qu’à l’époque avait su susciter le drame. Mais comme je me méfie toujours un peu de mes passions d’alors (il faut que je trouve le temps de mettre en fiche le Matthias Sandorf de Jules Verne et que je dise la déception que cela a été de relire Jules Verne cet été!), donc je m’étais dit que cette lecture était bien là où elle était: dans mes souvenirs d’adolescence. Quelle erreur! Lorenzaccio est vraiment quelque chose de grand. Sans doute le meilleur des drames romantiques, et peut-être l’une des meilleures pièces de théâtre tout court.
Il y a bien sûr ce portrait d’une personnalité troublée, énigmatique à lui-même, comme aux autres personnages et au lecteur, héros en un âge où il n’y a plus de place pour l’action héroïque, où ce n’est plus l’action valeureuse de quelques uns qui peut précipiter les grands mouvements sociaux et mettre en branle l’histoire politique. Portrait donc d’une ambition condamnée et qui se sait condamnée. Portrait de la liberté humaine en condition malheureuse. Voici qui est du plus pur romantisme.
Il y a aussi un talent certain, même du génie à donner la représentation d’une société, de ses mouvements, de ses contradictions, aux différents lieux où se nouent les actions sociales: au palais, dans les demeures des riches familles, mais encore dans la rue, parmi le peuple, où en dehors de la ville, au milieu des bannis. Hugo y est parvenu lui aussi de façon remarquable dans Quatrevingt-treize. Mais Hugo est alors un auteur de soixante-dix ans passés, tandis que Musset est âgé d’une vingtaine d’années.
Finalement je dois à ce petit parcours romantique que j’ai entrepris depuis le début du mois de septembre de bien heureux moments: la merveilleuse lecture de Jane Eyre, dont j’ai parlé avant-hier, et cette étonnante redécouverte d’un drame, qui me fait presque dire qu’il y a finalement dans la littérature française un écrivain qui a su une fois au moins dans sa vie faire aussi bien que Shakespeare. A suivre.
5 réflexions sur « Alfred de MUSSET: Lorenzaccio »
Je suis déçue par la pièce « Lorenzaccio » où je n’ai pas retrouvé le charme de Musset que j’avais découvert dans « On ne badine pas avec l’amour »…
Je viens d’ailleurs de publier ma critique sur mon blog de la pièce « Lorenzaccio »…
Joli article, je reviendrais 😉
Bonne continuation !!
Je n’ai pas lu cette pièce de Musset mais par contre j’ai lu vu jouer il y a très longtemps mais j’en garde un excellent souvenir !
Merci pour ta visite, Alice. Je suis depuis plusieurs mois un lecteur assidu de ton blog. Ton choix en littérature jeunesse est précieux (et oui, c’est la « face cachée » de ma vie de lecteur: les
livres que je lis à mon petit garçon!).
J’ai repéré ce livre récemment parmi les livres du Bac il me semble… je venais en réalité pour te prévenir d’un petit tag t’attendant sur mon blog. Au passage, as-tu trouvé le Jean-Pierre Ohl ?
Le Jean-Pierre Ohl s’est ajouté à ma pile. Je pense le lire bientôt.