Amours baroques

Publié par Cléanthe le

Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux, qu’il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.


La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.


Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

Pierre de Marbeuf, Recueil des vers (1628)

6 commentaires

nathalie · 14 octobre 2019 à 6 h 25 min

Ah ah… Indépassable ! J’étais justement à un concert de musique baroque hier. Quel art merveilleux.

    Cléanthe · 27 octobre 2019 à 23 h 55 min

    J’aime beaucoup cette période, en musique comme en poésie.

Tania · 15 octobre 2019 à 16 h 49 min

Magnifique sonnet, qu’on entend en le lisant.

    Cléanthe · 27 octobre 2019 à 23 h 56 min

    Oui, j’aime beaucoup la musicalité assez savante de ce poème.

maggie · 29 octobre 2019 à 12 h 37 min

J’adore ce poème et tous les poèmes baroques ! Quel style !

    Cléanthe · 29 octobre 2019 à 13 h 10 min

    Oui, c’est une période trop souvent négligée. J’aime aussi beaucoup la poésie baroque, que j’ai découvert il y a longtemps grâce à un recueil de Jean Rousset (Anthologie de la poésie baroque française), et dans laquelle je prends beaucoup de plaisir à me replonger en ce moment

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