Youssef Chahine. Le révolutionnaire tranquille. Entretiens avec Tewfik Hakem
Publié à l’occasion de l’exposition organisée à Paris à la Cinémathèque et de la rétrospective qui l’accompagne, l’entretien de Youssef Chahine avec Tewfik Hakem fut initialement enregistré dans l’appartement du cinéaste au Caire et diffusé par France Culture en 2004. Il est précédé d’une lettre-hommage de Tewfik Hakem et complété par une filmographie utile qui fait la liste des films du cinéaste accompagnée d’un résumé.
C’est le livre qui tombe à point à l’occasion de cette rétrospective. Je me suis régalé ces derniers temps à quatre films de Chahine, que j’ai vu dans un contexte personnel pourtant très chahuté. Gare centrale est un grand moment néoréaliste. Le destin un beau chant contre l’obscurantisme mettant en scène la figure du philosophe Averroès. Alexandrie pourquoi? une œuvre autobiographique dense, au montage syncopé, éclaté, presque comme une opération à cœur ouvert. L’autre un grand film de passions y compris destructrices.
Dans son entretien Chahine revient entre autres choses sur ces quatre films. Il y exprime aussi quelques vérités sur les tensions de son cinéma : amoureux de l’Islam, mais pas des islamistes, volontiers nationaliste lorsqu’il s’agit de parler de l’Égypte, mais en même temps aussi tourné vers l’étranger, critique de l’industrie cinématographique américaine, mais fou de cinema américain… Ces tensions se retrouvent dans ses films par exemple autour du thème des amours impossibles. La présence de la chanson populaire et des danses, dans des oeuvres où la prise de position y compris politique n’est jamais absente est une autre de ces tensions.
Mais le cinéma de Chahine est surtout un art qui se nourrit des formes cinématographiques, convoquées selon le besoin du propos. D’où des œuvres très différentes dans leur facture. Au-delà de cette différence cependant, une inspiration commune domine: celle de ramener les choses montrées et racontées à l’essentiel, aux rapports d’inégalités et de domination, ou pour le dire plus simplement à la réalité des rapports humains, sociaux. Le témoignage d’un très grand cinéaste.
4 réflexions sur « Youssef Chahine. Le révolutionnaire tranquille. Entretiens avec Tewfik Hakem »
Je ne connais pas du tout ce cinéaste… Aussi, je prends note pour ma culture cinématographique personnelle. Je vais essayer de visionner l’un de ses films pour le découvrir. ça m’intrigue.
J’espère que tu vas aimer. Moi, j’adore.
Tu les as vu où ces films?Je les reverrai voĺontiers. Cd li re m intéresse
Je les ai vu chez moi, à Besançon, où la tradition de cinéphilie reste assez dynamique, à l’occasion d’un cycle
de 4 films consacré au cinéaste. Mais tu trouveras la programmation complète à la Cinemathèque à Paris, où là c’est toute la filmographie de Chahine qui est proposée. Je ne sais pas si ça passe encore. L’exposition (jusqu’à fin juillet) est pas mal aussi.