Ed McBAIN: La main dans le sac (87ème district, 11)
Sous une pluie torrentielle, l’agent Genero, transi de froid et impatient de retourner à la chaleur du poste de police du 87e District, est en patrouille nocturne. Dans cette ambiance morose, son attention est attirée par une silhouette indistincte, dissimulée sous un grand parapluie noir, qui monte à bord d’un autobus. L’identité de cette personne reste floue : homme ou femme? difficile à dire. Après le départ précipité de l’autobus, Genero découvre un petit sac bleu, abandonné sur le trottoir. Intrigué, il ouvre la fermeture éclair et plonge la main à l’intérieur pour tomber sur quelque chose d’horrifique : une main humaine, coupée net au niveau du poignet…
Une main dont le tueur a pris soin de couper le bout des doigts pour qu’on ne relève pas les empreintes et un sac distribué à ses bons clients par une compagnie aérienne – tels sont les maigres indices dont doivent se contenter cette fois les inspecteurs du 87ème district pour reconstituer le puzzle d’une enquête qui va les conduire dans le milieu des marins et des cabarets. Et mettre leurs nerfs à rude épreuve! Cependant que les investigations patinent, Carella, héros récurrent de la série d’Ed McBain peste, trépigne. Il cherche la bagarre. Bientôt d’autres parties du corps apparaissent à divers endroits de la ville. Sordide et sanguinolent jeu de piste!
Je crois que je ne me lasserai jamais de la série d’Ed McBain, dont c’est ici le 11ème volume. Sous les dehors d’une enigme efficace, d’un roman policier bien troussé, la vie quotidienne d’un commissariat, d’un petit groupe d’hommes confrontés quotidiennement à la réalité de la violence et aux maux mal pansés de la Cité reste la principale affaire de ce roman. La géographie sociale contrastée d’une mégalopole, l’imaginaire Isola qui tire tant de New York, son modèle, et constitue sans doute le principal personnage du roman, fait de la série d’Ed McBain, une véritable Comédie Humaine. Je me répète sans doute, de billet en billet. Mais c’est cette exploration itérative, au gré des quartiers, des milieux sociaux, et au fil des saisons qui constitue le principal ressort des romans d’Ed McBain, cependant que les personnages récurrents évoluent, avec leur obsessions qui se répètent elles aussi, ou qui parfois se creusent, et l’évolution de leur vie privée. Tout le charme d’un grand écrivain réaliste, maître d’une forme d’écriture sérielle!
« Que ce soit bien clair : la mort est toujours dégueulasse, et il n’y a pas trente-six façons de la considérer. Si vous faites partie de ces gens qui aiment les films où, quand on tire un coup de revolver, un petit nuage de poussière explose sur la poitrine de la victime (juste un petit nuage de poussière, surtout pas de sang), alors le travail de la police n’est pas pour vous. Si vous êtes de ceux qui s’imaginent que les cadavres « ont l’air d’être assoupis », vous avez de la chance de n’être pas flic. Car si vous êtes flic, vous savez que la mort n’est jamais belle à voir. C’est ce qui peut arriver de plus atroce et de plus terrifiant à l’être humain. »
2 commentaires
keisha · 9 janvier 2025 à 6 h 45 min
Que voilà un billet plaisant. Ce roman est dans le volume 2 , j’ai le projet de tout lire dans l’ordre, mais je dois m’y mettre, j’en ai lu trois à date;
Ce qui est bien , en plus de la qualité de chaque histoire, c’est l’évolution des personnages, les résonnances d’une histoire à l’autre.
Cléanthe · 9 janvier 2025 à 7 h 22 min
C’est mon projet également, poursuivi (trop) lentement depuis quelques années. La série gagne ainsi à être lue dans l’ordre. Les saisons passent, les personnages évoluent, et la ville d’Isola se transforme. Tout cela donne un formidable portrait de ville.