Christina RODRIGUEZ: Les mystères de Pompéi

Publié par Cléanthe le

En l’an 31, alors que l’empereur Tibère s’est retiré à Capri, laissant les rênes du pouvoir à l’ambitieux et impitoyable Séjan, le jeune centurion Kaeso Concordianus Licinus ose lui tenir tête. Jeté en prison, déchu de ses biens et condamné à mort, il échappe de justesse à l’exécution grâce à un ami fidèle et se retrouve exilé à Pompéi, où il est nommé chef de la milice locale, une troupe hétéroclite qui agace rapidement notre centurion habitué à la discipline de la garde prétorienne. Mais que faire d’une troupe d’élite dans une ville qui comme Pompéi coule loin de Rome des jours tranquilles? Quand un premier meurtre survient, bientôt suivi par un deuxième, Kaeso découvre que la paisible Pompéi n’est sans doute qu’une façade : tremblements de terre, meurtres en série, trafic de fausse monnaie et complot contre l’héritier du trône, Caligula, plongent Kaeso dans une spirale d’événements où le danger est omniprésent...

Voilà un gentil polar historique, dévoré au retour d’un récent séjour à Naples, que je n’avais pas pris encore le temps de chroniquer. Gentil polar, c’est le mot: l’enquête est assez convenue, les personnages historiques, s’ils sont crédibles, demandent sans doute encore à être développés (je me demande en particulier comment l’autrice développera la figure de Caligula). La troupe d’alliés aussi surprenants qu’attachants que Christina Rodriguez a réunie autour de Kaeso donne à tout cela un petit côté Club des cinq ou Six compagnons pour grands: Io, la panthère apprivoisée qui se prend pour un chien ; la mère de Kaeso, Hildr, princesse germanique guérisseuse et magicienne, que son père a rencontré lorsqu’il accompagnait les campagnes de Germanicus; les redoutables gardes germaniques et sa cousine Concordia, aussi séduisante qu’intrépide, qui se révèle une source efficace d’informations sur les secrets et complots au sein des familles patriciennes. Bref, c’est plaisant, sans plus.

Ce qui l’est davantage est la reconstitution particulièrement réussie de la cité de Pompéi, d’où je revenais justement lorsque j’ai lu le polar: intimité des riches familles, quartiers louches, temples de religions à mystères, ruelles, traverses et tavernes – c’est une exploration délicieuse de la cité de Campanie qui, si la terre y tremble régulièrement, ne nous offre pas, pour une fois, le spectacle de l’éruption de 79, à quoi Pompéi se trouve bien souvent réduite dans la littérature. En résumé, un gentil polar historique à emprunter en bibliothèque ou à se faire offrir, et à glisser dans la valise à l’occasion d’un éventuel voyage en Campanie.

« Sur le bord de la route, les lauriers-roses offraient leurs corolles au soleil du début de l’après-midi. Entre les ronces,les mûres juteuses n’attendaient que ma main pour les cueillir et, au loin, le sommet du Vésuve pointait vers le ciel comme un hommage aux dieux, ses flancs généreux disparaissant sous les ceps noueux et les bosquets. Le parfum boisé des treilles et des cyprès,auquel se mêlaient les légers effluves iodés de la mer toute proche, m’enveloppa. J’inspirai l’air vivifiant à pleins poumons tout en engloutissant les mûres grappillées sans descendre de ma monture. »

Christina Rodriguez, Les Mystères de Pompéi (2008), Éditions du Masque/Labyrinthes

Billet publié dans le cadre de l’évènement Le mois du polar, organisé par Sharon


0 commentaire

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.