Steven SAYLOR: Rubicon (Gordien, 6)
César a franchi le Rubicon, déclenchant une guerre civile qui oppose ses légions à celles de Pompée. Tandis que sénateurs et patriciens fuient la cité, le chaos s’installe. C’est dans ce climat explosif que Numerius Pompeius, un cousin de Pompée, est retrouvé assassiné… dans le jardin de Gordien. Pompée somme le célèbre limier de résoudre cette affaire sous peine de lourdes représailles et prend pour s’en assurer son propre gendre en otage. Gordien n’a d’autre choix que d’accepter cette mission périlleuse. Mais dans une République à l’agonie, où les allégeances fluctuent au gré des ambitions, la vérité est une denrée dangereuse. D’autant que l’enquête le conduit jusqu’au théâtre même de la guerre, entre batailles navales et sièges stratégiques…
J’avais chroniqué, il y a longtemps, le premier épisode de la série de Steven Saylor, Roma sub rosa, rebaptisée, dans l’éditions française, Les mystères de Rome. J’ai continué à lire la série, au gré des années, sans prendre la peine de rédiger des billets. Il faudra peut-être un jour que je mette de l’ordre dans mes notes de lectures, en rédigeant quelques billets courts sur tous ces livres lus, mais jamais chroniqués. L’ampleur de la tâche m’effraie un peu cependant. En tout cas, cette série épatante, dont les volumes méritent d’être lus dans l’ordre, même si les enquêtes y sont indépendantes, car elles suivent l’Histoire de la fin de la République romaine, et l’évolution des sentiments de Gordien à l’égard des grands personnages: Cicéron, Pompée, César, est un plaisir que j’aime à retrouver.
Dans ce sixième épisode, Gordien, le fin limier, a à présent passé la soixantaine et aspire à une retraite méritée, mais il se voit contraint de reprendre du service, dans un climat de guerre civile, où les familles patriciennes fuient Rome par peur de l’arrivée des troupes de César. Entre Pompée, qu’il sert par obligation, et César, dont l’un de ses fils est devenu l’un des principaux lieutenants, le jeu est délicat pour Gordien, d’autant que l’aide de Cicéron demande à être prise avec prudence. Avec une reconstitution historique d’une précision saisissante, Steven Saylor nous immerge dans un monde de complots, de trahisons, de luttes de pouvoir. Et si l’enquête passe assez rapidement au second plan, l’action qui conduit Gordien vers le sud où les troupes de César s’apprêtent à assiéger celles de Pompée, à Brindisium, donne un polar antique captivant où le destin personnel de Gordien se mêle à celui de l’Histoire.
– En sommes-nous arrivés au point où un simple citoyen doit imiter Pompée ou César, et avoir un garde du corps qui veille sur lui à chaque instant, même quand il se torche le cul?
Davus fronça les sourcils. Je devinais ce qu’il pensait: je n’avais pas pris l’habitude d’employer un langage aussi grossier; il fallait que je fusse profondément bouleversé, et j’essayais de ne pas le montrer. Sans doute étais-je devenu trop vieux pour supporter des chocs tels que la découverte d’un cadavre dans le jardin avant le déjeuner. »
Steven Saylor, Rubicon (1999), traduction: André Dommergues, coll.10/18
Billet publié dans le cadre de l’évènement Le mois du polar, organisé par Sharon
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