Donna LEON: Le prix de la chair (Brunetti, 04)

Donna LEON: Le prix de la chair (Brunetti, 04)

Tout début de l’automne. A la frontière entre le nord de l’Italie et l’Autriche, un camion fait une sortie de route sur une voie de montagne surpris par les précoces conditions hivernales. Les premiers secours sur les lieux découvrent un sordide spectacle: projetés tout autour du véhicule, au fond d’un ravin, les corps de femmes désarticulés par le choc, transportées sans doute clandestinement en Italie. Plusieurs mois plus tard, le riche avocat Carlo Trevisan est retrouvé assassiné, dans le train qui le ramène de Padoue. Personne ne songe à faire un lien entre les deux affaires, jusqu’à ce que le commissaire Brunetti, à qui a été confiée l’enquête sur le mort de Trevisan, ne reçoive un coup de fil d’un de ses collègues padouan, qui poursuit discrètement des investigations concernant le suicide suspect de Rino Favero, expert comptable de Vénétie, dont ses supérieurs cherchent à le décharger. En croisant les agendas des deux hommes, les deux policiers se trouvent ramenés à un bar miteux de Mestre où exercent des prostituées…

Un abject trafic de prostituées, la production et le commerce de snuff movies sur fond de guerre en ex-Yougoslavie, la fille de Brunetti, Chiara, mêlée à l’enquête, la découverte par Brunetti que la questure de Venise est gangrenée par les interventions d’un officier malhonnête et pour finir la mort opportune d’un témoin capital venant interrompre l’enquête, avant qu’on ne soit remonté jusqu’aux principaux commanditaires qui, comme dans tout bon roman noir, ne seront pas inquiétés, c’est un Brunetti donc effectivement noir, très noir que Donna Leon aborde avec ce 4e volet des enquêtes du commissaire vénitien. Je ne sais comment sera la suite de la série, mais moins romanesque que les précédents, ce roman se confronte de plein fouet avec des questions qui m’ont laissé un goût amer à la lecture. Il sait appuyer là où ça fait mal: trafics d’êtres humains – des prostituées souvent très jeunes, traitées comme de la marchandise, corruption des élites. Heureusement, il y a le côté bon vivant de Brunetti, son goût du vin et de la bonne chère, et puis ce flegme typiquement vénitien avec lequel il conduit, désillusionné, mais tenace chacune de ses enquêtes. Il y a aussi la réaction de ce père qu’est dans le même temps Brunetti lorsque sa fille ramène à la maison et visionne une video-cassette dont il aurait mieux valu qu’elle se tienne éloignée. Le temps d’un coup de colère, le monde tout à coup retrouve son humanité, avant la subtilisation finale, la disparition d’un témoin capital, les preuves patentes de complicités jusqu’au coeur de la questure de Venise. Oui, c’est bien un Brunetti noir, très noir.

Chiara

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