Une motivation d’ordre privée
« Je vous ai dit tout à l’heure que seule la sphère privée m’intéresse. Il faut que je revienne là-dessus. Je veux dire par là que, si l’on veut bien y prêter attention, on ne peut manquer d’en arriver à la conclusion que tous les soi-disant grands événements historiques doivent en vérité être rapportés à un ou plusieurs facteurs en rapport avec la vie privée de ceux qui en sont à l’origine. On ne devient pas pour rien, c’est-à-dire sans une motivation d’ordre privé, général en chef ou anarchiste, socialiste ou réactionnaire ; et toutes les actions, grandes, nobles ou viles, qui ont changé le monde d’une certaine façon, sont les conséquences de quelques événements tout à fait insignifiants et dont nous n’avons aucune idée. »
Joseph ROTH, Confession d’un assassin racontée en une nuit (traduit par Pierre Deshusses, Editions Payot et Rivages, coll. Rivages poche, 2014)