Les vrais paradis
L’autre jour, je suis repassé presque par hasard rue des Grands-Augustins avant de poursuivre mon chemin en direction de la Seine, avec un peu plus loin, les façades du musée du Louvre qu’éclairait une lumière automnale. En traversant le Pont-Neuf, je repensais à ces années quand, «néophyte», je lisais Balzac, la recherche de l’absolu de Frenhofer et découvrais la peinture de Poussin. Puis, soudain, un morceau de phrase de Proust s’est mis à remuer en moi: … les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus. Juste avant, je me souvenais que Proust distinguait l’intelligence que nous avons des choses de la sensation que nous en avons eue, la sensation qui reste enfermée «comme dans mille vases clos» (je me rappelais très bien l’expression); des vases qui nous donnent l’impression «d’atmosphères singulièrement variées».
Mais quels sont ces paradis dont parle Proust et que nous devons perdre pour les gagner, pour gagner la vérité qu’ils recèlent? Chez lui, ils ne peuvent être retrouvés que dans le Temps, un temps passé que reconfigure une fiction, ou
Jean-Pierre Ferrini, Et un Arcadia ego, Le Temps qu’il fait, 2019.
en nous-mêmes, dans la sensation que nous éprouvons de notre passé, et non pas dans la réalité, la plupart du temps décevante, le monde comme il est n’étant pas comme il devrait être.
2 réflexions sur « Les vrais paradis »
Plus le …temps passe, plus je me persuade de ce qu’écrit Jean-Pierre Ferrini, qu’il tire lui-même de la Recherche.
Le bonheur sera toujours d’hier (un hier souvent reconfiguré en fiction), car dans l’instant « le monde n’est jamais comme il devrait être ».
Il se pourrait que Proust ait raison, hélas. C’est une cruelle leçon de vie, d’une certaine façon, mais qui est à l’origine de certaines des plus grandes oeuvres, il faut bien le reconnaître.